A corps perdu.
L'homme entretient avec lui même un rapport complexe. Dans l'histoire des représentations,
la variété des images du corps en témoigne. Ce sont de ces différentes manières que l'homme
se pense et se définit par rapport au monde.
Mon point de vue sur le corps est qu'il se différencie de l'esprit, objet de tourments, de culpabilité, sombre et angoissant.
Mais parfois aussi il apparaît paisible, harmonieux.
Rendre dans mon travail, le corps "beau", tel une icône est réconcilliant pour l'esprit.
Je me soucie moins de représenter les corps avec réalisme, je veux plutôt donner du sens à ce que je fais.
Certaines périodes de mon travail, en fonction de mes rêves, ou cauchemards, sont plus ou moins violentes (par des couleurs : rouge / noir); calmes, ou presque mystiques (utilisation de l'or).
J'apporte de l'importance à la gestuelle, toute en courbes, en rondeurs, le pinceau glisse pour une impression voluptueuse.
Les couleurs utilisées varient en fonction des émotions ressenties. La palette s'ouvre ou se restreint à des couleurs "fétiches" ( noir/rouge/jaune/or) parfois des veines irriguent le corps qui devient paysage où apparaissent des traces, éclaboussures, impacts, éclats sortis d'itinéraires incertains, les repères sont parfois brouillés.
Jusqu'à présent, j'ai surtout représenté des corps féminins, des fractions de corps, des visages. Je reconnais une certaine identification. Par leurs postures, ces corps expriment des sensations, des sentiments. Je propose une représentation non réaliste de l'image féminine. Le corps subit des transformations, des "mutilations" imaginaires en fonction des expériences, des problèmes rencontrés. Le corps morcelé parle (sorte de violence à l'unité corporelle).
J'utilise la peinture acrylique, lisse (sans rugosités), pour une sensation d'harmonie. Le pinceau me porte, et je ne sais jamais à quoi je vais aboutir lorsque je pose les premières couleurs. Les formes apparaissent d'elles mêmes et me paraissent alors évidentes. Les corps prennent vie...